Synonymes de complications et de maladies cardiométaboliques, le surpoids et l’obésité, avant d’être des préoccupations esthétiques, sont d’abord des enjeux de santé publique. Leur prise en charge doit être encadrée, dans une approche pluridisciplinaire, par des médecins et des diététiciens.
Selon un rapport d’expertise de l’Anses, (Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation), les régimes qui envahissent les revues et encarts publicitaires sont largement synonymes de désillusion et même de risques pour la santé. En effet, la perte de poids ne peut être sûre, effective et durable qu’avec les recommandations d’un professionnel de santé. Selon l’Anses, la reprise de poids concerne ainsi 80 % des sujets après un an, et ce chiffre augmente avec le temps. Et ce n’est pas le problème le plus sérieux que peuvent rencontrer ces candidats aux régimes, qui suivent parfois des méthodes aussi dangereuses pour la santé qu’inefficaces sur la perte de poids à long terme. Principale conclusion du rapport : « la recherche de perte de poids par des mesures alimentaires ne peut être justifiée que pour des raisons de santé, et doit être prise en charge par des spécialistes (médecins, diététiciens), les plus à même de proposer le régime alimentaire correspondant le mieux aux caractéristiques de la personne ».
Surpoids et obésité : un grand nombre de maladies associées
L’enjeu est majeur car, en plus d’être des sujets de préoccupation esthétique, l’obésité et le surpoids sont surtout de véritables enjeux de santé publique. La surcharge pondérale est en effet souvent synonyme de complications et de maladies cardiométaboliques. Depuis 1997, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs classé l’obésité comme « maladie chronique ». Selon l’organisation, le nombre de cas d’obésité a presque triplé dans le monde depuis 1975. Plus de 1,9 milliard d’adultes (39 % de la population mondiale) sont en surpoids, dont 650 millions (13 %) sont considérés comme obèses. Ainsi l’OMS n’hésite pas à parler d’« épidémie », tant la progression de l’obésité est fulgurante. En France, selon l’Assurance Maladie, près d’une personne adulte sur deux (47 %) est en surpoids, alors que l’obésité touche 17 % de la population, soit plus de huit millions de personnes.
Des chiffres inquiétants, car la surcharge pondérale est un facteur de risque majeur pour plusieurs maladies chroniques et peut réduire l’espérance de vie. Diabète de type 2, hypertension artérielle, athérosclérose, maladies du foie (stéatohépatite non-alcoolique ou NASH), maladie rénale… La liste des maladies favorisées par l’obésité dressée par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) est longue. La surcharge pondérale est parfois même à l’origine de cancers, en particulier du sein, de l’utérus ou du foie… Parmi les complications possibles figurent également des maladies respiratoires, des troubles hormonaux, ou encore des maladies articulaires comme l’arthrose. Selon l’OMS, 44 % des cas de diabète de type 2 sont ainsi imputables au surpoids et à l’obésité, tout comme 23 % des maladies cardiaques et entre 7 % et 41 % des cancers (selon les localisations). « Une perte de poids est bénéfique sur le plan métabolique, cardiovasculaire, respiratoire et musculo-squelettique », souligne ainsi l’Inserm.
Également appelée « maladie du foie gras », la stéatohépatite non alcoolique (ou NASH pour l’acronyme anglais) inquiète tout particulièrement les autorités sanitaires. Aux États-Unis, on estime à 6 millions le nombre de personnes souffrant de NASH, dont 600.000 au stade de cirrhose. Cette maladie sera bientôt la première cause de greffe du foie aux États-Unis. En France, dans la cohorte Constances, elle touche 18,2 % de la population adulte, soit près de 8 millions de personnes présentant un risque accru d’infarctus ou d’AVC. Parmi elles, 2,6 % présentent une maladie hépatique avancée avec un risque élevé de développer une cirrhose ou un cancer du foie.
La mesure du tour de taille et une perte de poids ciblant spécifiquement la masse grasse comme solutions
La perte de poids est donc avant tout une question de santé, un élément du parcours de soins qui doit être encadré par des médecins et des diététiciens, dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire. C’est cette démarche qui a, par exemple, été adoptée en France par le programme RNPC. Cette méthode de « rééducation nutritionnelle et psycho-comportementale » a été validée par un comité de pilotage scientifique présidé par le Pr Arne Astrup, de la Fondation Novo Nordisk, grand spécialiste de l’obésité et de la nutrition, et composé de médecins reconnus pour leur expertise dans la prise en charge des comorbidités de la surcharge pondérale.
Le programme s’appuie sur de nombreuses publications scientifiques et en particulier sur l’étude DiOGenes (Diet, Obesity and Genes), publiée en 2010 dans le New England Journal of Medicine. Cette recherche montre que la stabilisation de la perte de poids initiale doit être obtenue grâce à un suivi régulier d’un professionnel de santé. Elle recommande une répartition spécifique des macronutriments pour la stabilisation du poids (45 % de glucides à index glycémique bas, 30 % de lipides et 25 % de protéines) et explique que la prise de substituts de repas enrichis en protéines est la meilleure solution pour une perte de poids initiale rapide ciblant spécifiquement la masse grasse et préservant la masse musculaire.
En pratique, le programme RNPC comprend trois phases successives, après un bilan de santé particulièrement détaillé prescrit par le médecin traitant du patient : une phase d’amaigrissement durant laquelle les apports alimentaires sont restreints afin d’obtenir une perte de poids rapide, sans faim et sans fatigue ; une phase de stabilisation, spécifiquement établie pour chaque patient en fonction de ses besoins métaboliques ; une phase d’équilibre alimentaire. Tout au long de ce parcours de soin, l’approche conjointe des médecins et des diététiciens assure la sécurité totale du patient.
La méthode se fonde également sur plusieurs études (LEGACY, DiRECT, etc.) qui ont montré que plus la perte de poids est importante, plus les bénéfices sur la santé le sont également : pour une perte de poids de 10 à 15 %, on observe ainsi chez 90 % des patients une rémission de la fibrillation auriculaire, du diabète de type 2, ou de la stéatohépatite non alcoolique. Et ce sans médicaments. C’est l’objectif visé par Rémy Legrand, fondateur du Groupe Éthique & Santé et concepteur de la méthode RNPC, qui cible la perte de poids au niveau de la masse grasse viscérale, la plus néfaste pour la santé.
Si l’IMC a longtemps été le seul indicateur sur lequel se basaient les professionnels de santé pour détecter et prévenir la surcharge pondérale, il a été prouvé que celui-ci ne suffisait pas pour évaluer avec exactitude le risque des maladies qui s’y rapportent. Car l’IMC n’est qu’un indicateur de corpulence et ne tient donc pas compte de la répartition de la masse graisseuse dans le corps. Or, c’est précisément ce critère qui impacte le plus le risque de morbi-mortalité cardiométabolique. En effet, un excès de masse grasse intra-abdominale, ou viscérale, augmente ce risque, contrairement à la graisse périphérique qui se dépose préférentiellement sur les hanches, les cuisses et les fesses. La circonférence abdominale, mesurée par le tour de taille, permet ainsi de mesurer la graisse viscérale, et donc d’anticiper ou de dépister d’éventuelles pathologies. À la différence de l’IMC, une surveillance accrue du tour de taille avec une prise en charge ciblée sur sa réduction donne lieu à une amélioration potentiellement considérable de l’état de santé des patient concernés.
Par ailleurs, une étude menée en collaboration avec le Pr Philippe Zaoui, chef du service de néphrologie du CHU Grenoble Alpes, a prouvé qu’une augmentation modérée de la consommation de protéines, telle que recommandée dans le cadre du Programme RNPC, n’altère en aucun cas la fonction rénale des patients. En effet, en cas d’insuffisance rénale connue ou détectée lors de l’entretien initial grâce au bilan biologique exigé pour chaque patient, la quantité de protéines est adaptée au débit de filtration glomérulaire (c’est-à-dire à la capacité de filtration des reins), conformément aux recommandations de la Haute Autorité de Santé.
Si le surpoids et l’obésité sont à l’origine de nombreuses maladies chroniques, il existe des moyens d’y faire face. La surcharge pondérale pouvant être néfaste pour la santé des personnes atteintes, il est primordial qu’elle soit prise en charge à la fois par un voire plusieurs médecins et par un diététicien. La perte de poids est un enjeu esthétique, mais aussi et surtout de santé. Mettre en place un suivi de concert entre professionnels de l’alimentation et des soins concède aux patients un suivi sécurisé, adapté à leurs besoins et garant de réussite.